Cartographie d’empreintes

 

IMG_20160403_141748

Un des aspects de mon travail s’articule autour du lien, celui qui relie les hommes entre eux, mais aussi avec leur environnement et l’univers…
Je parle d’une « cartographie synchronistique », une structure, un  réseau d’échanges du vivant et de l’énergie qui le porte. L’art développe le rationnel par le sensible, l’acte de découverte de soi. Le site d’ArToll, ancien hôpital psychiatrique est tout à fait intéressant comme cadre de création, de processus de construction de l’identité face à un lieu fort où les repères sont encore inconnus et dans lequel nous devons trouver notre place… Il s’agit donc de se projeter dans cet espace lourd de symboles, d’échanger et de se nourrir de cet univers.
Mon installation s’implanterait dans une des cellules du bâtiment. Le terme de « cellule » m’attire, car bien plus que l’idée dominante de l’espace clos et d’isolement qu’elle peut traduire, elle exprime pour moi l’organique, l’élément fondamental du tissus vivant qui se divise pour aboutir à la production de nouvelles cellules… rejoignant ma réflexion de conception de mondes nouveaux, en perpétuel mouvement, créant l’infini de nouvelles dimensions.
A partir d’une ou plusieurs photographies de lieux (qui ont marqué ma vie et qui font partie de mon identité) fixées aux murs et/ou au plafond et sol et des marques présentes sur le site (fissure, craquèlement de peinture, tâche…) je veux dégager le fil qui relie chacun de ces endroits entre eux avec celui dans lequel je serais alors immergée. Je veux créer un plexus de fil physique (fil à coudre coton? fixé à l’aide d’un pistolet à colle et scotch transparent), un lacis dense et serré, tel un réseau de nerfs, de vaisseaux sanguins et de racines, qui s’entrecroisent et s’enchevêtrent… Je veux parler d’échange nourricier, d’absorption, de suc (réseau sanguin) et d’empreinte laissée dans l’espace et le temps (réseau racinaire).
Il s’agit pour moi de traduire le dialogue qui se produit inéluctablement entre un individu et le lieu qu’il traverse. L’impact de ces rencontres, même si souvent elles ne laissent pas de traces apparentes, participent à la construction de chacun d’entre nous, mais également du lieu que l’on a traversé. Il me semble que certains espaces dégagent des «ondes», des traces, des empreintes témoins de nos prédécesseurs… qui  nous transpercent ou nous contournent… Nous même participons à cette architecture invisible, imprimant dans le lieu une « couleur » exclusive que nous emporterons avec nous.

Linda de Sainte Marie